Fragments du Japon
Entre art contemporain et tradition
Depuis trois ans, le château de Lavardens met à l’honneur des œuvres créées par des artistes dans la plus pure tradition japonaise. En 2019, l’artiste Taro Fukushika a exposé toute une série de calligraphie et des artistes verriers ont révélé d’admirables techniques de verrerie japonaise. D’octobre 2019 à janvier 2020, les darumas japonais ont partagé l’affiche avec les santons de Provence et ont connu un succès retentissant, ces figures intriguant petits et grands. Ces manifestations nippones en pays gascon sont inédites et les retours positifs des visiteurs nous ont donné l’idée de collaborer avec une quinzaine d’artistes japonais pour la saison 2020 (peinture, calligraphie, gravure, kimono, poterie, céramique, sculpture, essence de bois, photographie, etc.)
Cette exposition est l’occasion de découvrir le Japon, une culture et un peuple oscillant entre une modernité croissante et un attachement à des traditions ancestrales. De nombreux artistes seront présents, ainsi que la collection de meubles traditionnels de Madame Hélène Aziza qui prête généreusement une partie de ses biens mobiliers au château.
Liste et biographies des artistes exposants
Peintures, craies et gravures
Sawako Ginno est né à Nara. Sa famille était composée d’antiquaires ; elle fut donc naturellement élevée au milieu des objets d’arts et artisanaux.
En 2009, elle fut attirée par la couleur, l’enseignement au pastel à l’huile, et elle commença à apprendre et étudier ces techniques. Contrairement à la peinture acrylique, qui impose de mélanger la couleur sur une palette, le pastel à l’huile est mélangé sur une planche, de sorte que la couleur elle-même du pigment peut être utilisée et se caractérise par des couleurs vives. Le mélange se fait avec les doigts sur la planche. Il s’agit d’une méthode de dessin primitive qui utilise la sensation de peau. Ses œuvres parodient celles du célèbre Hokusai.
• Son travail d’artiste
En 2016, Sawako Ginno fut envoyée à l’Université d’art et de design de Kyoto pour étudier la peinture japonaise. À cette période, elle commença à produire ses propres œuvres. Ses sujets principaux sont les anciennes légendes japonaises et le cerf. Elle puise dans son lieu de naissance, Nara, la plus ancienne ville du Japon, où de multiples légendes viennent nourrir son art. L’une d’elle est celle d’un dieu chevauchant un cerf blanc ; ce dernier serait descendu sur terre pour y construire un temple. Ce temple fut élevé en 767 et, aujourd’hui encore, environ mille cerfs sauvages vivent autour de l’édifice sacré. Les cerfs, bien que sauvages, n’ont pas peur des humains et cohabitent avec eux. Pour les habitants de Nara, l’apparition de cerfs traversant la route est un phénomène quotidien. Les touristes, eux, sont assez surpris et ravis d’apercevoir des cerfs à une distance proche de la leur.
Les œuvres de cette exposition visent à amener les cerfs de l’ancienne citée, entourée de montagnes, au monde des peintures du mont Fuji, où se trouve la mer.
Né en 1934 à Okayama au Japon, Kojiro Akagi arriva à Paris en 1963 et intégra l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts. Il commença à travailler d’après nature, posant son chevalet au gré de ses ballades parisiennes. Très vite, il étonnait les passants par le choix de ses sujets, la minutie de son travail et sa technique singulière.
• Des œuvres reconnaissables par leurs lignes rouges et blanches
Ces œuvres privilégient le patrimoine historique : monuments emblématiques, façades d’immeubles, quartiers anciens… Si la peinture à l’huile est très présente dans son travail, il crée également des dessins à l’aquarelle et des lithographies.
Ses créations se distinguent par une observation rigoureuse de l’architecture et de l’espace, renforcée par un procédé unique qu’Akagi a découvert et su rendre à la perfection : une peinture à l’huile aux lignes rouges ou blanches en relief épais. Il utilise de l’encre de Chine pour définir les contours du dessin, puis le colore à l’aquarelle, toujours sur place, afin de capter les couleurs originales de son modèle.
Ainsi, en arpentant avec obstination chaque quartier de la capitale et en représentant avec une grande précision la ville sous ses multiples facettes, Kojiro Akagi mérite d’être reconnu comme le plus parisien des artistes japonais. Et en se penchant sur la mémoire de chacun de ses lieux et site, il est devenu également un fin connaisseur de histoire de « sa » ville : Paris.
• Kojiro Akagi a reçu de nombreuses distinctions
– 1971 : Médaille d’or (aquarelle) au Salon des Artistes Français.
– 1974 : Médaille d’or (peinture) et Hors-Concours au Salon des Artistes Français.
– 1975 : Prix du Président de la République au Salon International d’Art (Musée de Toulon).
-1994 : Médaille du Ruban bleu Foncé, Gouvernement Japonais (seconde médaille en 1998).
– 2000 : Prix galet d’or de l’estampe au festival international du château musée Grimaldi Cagnes-sur-Mer, France.
– 2002 : Prix Puvis de Chavanne au Salon National des Beaux-Arts, Paris.
– 2005 : Décoration de l’Ordre du Soleil Levant. Rayons d’or avec rosette, Japon. (Equivalent d’Officier de la Légion d’Honneur en France).
– 2014 : Remise des insignes de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par Monsieur Arnaud d’Hauterives, secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts.
– 2014 : Prix VERDAGUER de la peinture 2014 de l’Institut de France par l’Académie des beaux-arts.
– 2019 : Médaille de la Mairie du 15e arrondissement.
Né en 1946 dans la préfecture de Gunma au Japon, il passa son enfance et son adolescence à Tokyo. Il commença à peindre à l’âge de vingt-quatre ans et se rendit à Paris en 1971. En 1973, il s’établit à Genève. Au début de son séjour en Europe, il travaillait comme chef programmeur à l’OIT (Organisation Internationale du Travail). Au même moment, il obtint du Ministère de la Culture un local à Paris et construisit son propre atelier au bord du lac Léman, en Haute-Savoie (1979). En1981, il démissionna de l’OIT pour se consacrer entièrement à la peinture. En 1993, il s’installa à Auvers-sur-Oise. En 1999, après vingt-cinq ans d’activités artistiques en Europe, il exposa pour la première fois au Japon. En 2012, il ouvrit ses ateliers à Paris et Kyoto.
• Principales expositions personnelles
– 1975 : Musée d’Annecy
– 1873 : Hall de l’Île organisé par la ville de Genève
– 1986 : FIAC par Galerie Petersen, Grand Palais, Paris avec sculpture Lovato. Galerie Numaga Auvernier, Suisse
– 1987 : Galerie Birch Copenhague, Danemark
– 1989 : FIAC par Galerie Petersen, Grand Palais, Paris, avec sculpture Robert Jacobsen
– 1991 : Galerie Ynguanzo, Madrid, Espagne
– 1999 : ABC Gallery, organisé ASAHI Hoso, Osaka Japon
– 2000/2007/2010/2014 : Galerie Simoncini, Luxembourg
– 2001/2002/2005 : Galerie Taménaga, Osaka, Japon
– 2002/2007 : Galerie Taménaga, Paris.
– 2002 : Château d’Auvers, Festival d’Auvers-sur-Oise
– 2004 : Galerie Taménaga, Tokyo, Japon
– 2007 : Château Royal de Blois, organisé par la ville de Blois
– 2009 : temple Kodaiji, Kyoto, Japon
– 2012 : Palais Bénédictine Fécamp
– 2016 : Galerie Elena Shchukina, Londres, Angleterre
– 2019 : Mairie du 5ème, Paris avec sculpture Sunagawa
Je suis née en 1977, en France. Je vis et travaille à Saint-Ouen. Mes études artistiques se font en deux étapes, un DEUG en Histoire de l’art et des études d’art appliqués à LISAA, Paris. Je débute en 2001 avec l’illustration, le dessin suit quelques années après. En tant qu’illustratrice, je suis invitée au Japon tous les ans depuis 2011 pour des séances de dédicaces, une trentaine de dates chaque année. Étant en immersion totale pendant près de trois semaines, je baigne désormais dans cette culture, ces traditions. Et après neuf ans à parcourir le pays, je commence à en cerner les subtilités, les nuances.
Lors de mon sixième voyage, je reçois en cadeau un lot de superbes papiers fait main. C’est ainsi que je commence à travailler le papier. Le papier est devenu le cœur de mon travail. J’ai franchi une étape supplémentaire l’année dernière en apprenant à réaliser ce papier moi-même. Ce geste, je l’ai appris aux côtés de Jean-Michel Letellier et Miki Nakamura. Ils ont une approche artistique de la feuille unique en Europe avec la possibilité de réaliser de grands formats.
Je travaille le Washi et autres papiers fibreux. Je les plie, les teins, les assemble, les lie, les réunis pour leur donner de l’ampleur, du pli, une trame, un tissage. Cette matière fragile acquière du poids, de la force, de la tenue. Je reprends à mon compte des techniques séculaires et artisanales, teinture, tissage, collage, de l’ordre du geste, de l’humain, de la transmission.
À la manière d’un bol souligné d’or pour réparer ses failles, je joue des singularités et des défauts maîtrisés de ce papier pour poser mon dessin. De ses atypies naissent un trait fin, serein associé à un monde coloré. Je joue de l’habit, de l’uniforme, du kimono, du jinbei, de l’homongi, de l’haori, comme autant d’allégories pour considérer d’un œil extérieur cette culture. Mes vêtements sont toujours inoccupés et pourtant habités d’une entité invisible. Mes silhouettes ainsi dessinées sont un voyage constant entre tradition et modernité, artisanat et art, humilité et spiritualité, impermanence et imperfection désirée.
Les couleurs sourdes ou délicates sont inspirées de l’univers feutré des intérieurs japonais et de la délicatesse des étoffes précieuses des kimonos. Je cale mon pouls sur celui de mon outil, crayon de couleur, feutre ou pinceau aquarelle pour rythmer mes aplats de couleurs. Le fragile équilibre entre la retenue et l’excès requiert un peu d’audace et beaucoup de sérénité. De ce papier nait un travail sensible volontairement imparfait, défait du superflu. L’ensemble aspire à être à l’équilibre, le juste milieu, rien de plus, rien de moins.
Indigo et teintures du Japon
La découverte de l’œuvre en « Katazome » du trésor national japonais Sherisawa Keisike au Grand Palais à Paris, bouleversa Betty de Paris. Elle abandonna ses études en urbanisme et se lança à corps perdu dans la maîtrise de la langue nippone. Sa détermination et son engouement l’immergèrent complètement dans le milieu professionnel de Kyoto où elle découvrit la richesse de l’histoire textile et le monde onirique des couleurs végétales. Hiroyuki Shindo (célèbre artiste et maître teinturier en indigo) l’accueillit et lui transmit ses savoir-faire ancestraux.
Parallèlement, elle acquit un savoir ethnobotanique très prisé. Elle est souvent consultée en tant qu’experte pour ses connaissances transversales en techniques et botaniques tinctoriales notamment pour la conception de jardins tinctoriaux, la conception d’expositions, la rédaction d’articles pour la presse spécialisée nippone, et des symposiums internationaux.
• Son travail d’artiste
Betty de Paris explore la voie des teintures végétales avec une place prépondérante pour la cuve d’indigo. Elle a acquis ces techniques au Japon, auprès d’un célèbre artiste et maître teinturier en indigo. Aujourd’hui, elle allie un travail d’artiste-plasticienne reconnu, d’experte ethnobotanique, de consultante et transmet ses savoirs- faire lors de stages organisés dans différents lieux.
• Ses participations
Elle a travaillé à la conception de différents projets :
– « Mémoire de couleurs » Museum National d’Histoire Naturelle, Jardin des Plantes,
– « Cité des matières » à Lillebonne, Haute Normandie,
– « De la graine à la couleur », conception réalisation, Médiathèque de Troyes
– « Kimono indigo » Musée des Arts Asiatiques et Africains de Vichy, conseil scientifique,
– « Aujourd’hui c’est déjà demain » : couleurs végétales, conception et réalisation, exposition en collaboration Jean-Michel FIORI, scénographe, Salon Ethical Fashion Show -Paris
– « Couleurs à tous les étages », Musée Bargoin de Clermont-Ferrand, Conseil scientifique
– « Couleurs du Levant », Commande du musée du quai Branly collaboration avec Jean-Michel Fiori, scénographe.
Calligraphies
Taro Fukushika est né le 1er mai 1979 au Japon. Il quitta son activité d’infirmier en 2003 pour devenir poète de rue. Sa démarche indépendante et directe prend la forme de performances calligraphiques.
• Son travail d’artiste
Il puise son inspiration dans un rapport compassionnel envers les personnes qu’il approche. “J’ai écrit le texte en vivant à votre place” dit-il pour expliquer son travail. Son principal atout est de savoir créer de manière improvisée des œuvres sur lesquelles il inscrit des mots suscitant l’inspiration.
En 2005 il décide de devenir artiste grand public et édite ses poèmes calligraphiés dans un premier livres. En 2010 il fonde “l’art office Tomodachi”, société qui a pour but de promouvoir les artistes et d’organiser des événements culturels. Après le tremblement de terre de Tohoku, il devient très impliqué dans les causes humanitaires et enseigne la calligraphie. Peintre populaire, il a réalisé à ce jour plus de 10 000 poèmes pour encourager les gens qu’il rencontre.
Marynka Ostriv, formée à l’École des Beaux-Arts en Ukraine, vit en France depuis 2000.
Elle suit l’enseignement des maîtres japonais Rizu Takahashi, Noboutaka Hayashi en calligraphie et céramique japonaises. Elle suit également l’enseignement des maîtres chinois Wong Wa, Shi Bo et Chen DeHong. En 2019 Marynka installe son atelier d’artiste en Occitanie, dans le Larzac. Elle anime des stages et des ateliers de peinture et calligraphie d’Extrême-Orient dans la région du Larzac, Fontainebleau et à Paris.
• Son travail d’artiste
Son shodo s’inscrit dans un style libre, fondé sur la liberté du geste et sur l’élan énergétique. Il se pratique au gros pinceau et utilise essentiellement l’encre de chine et des pigments naturels.
Son travail consiste à donner une existence contemporaine, ancrée dans le monde occidental, à d’anciennes techniques d’art et de méditation. Il se concentre sur le perfectionnement du trait, en partant de sa spontanéité et de sa source inconsciente. Ses œuvres font parties de collections privées en France, au Japon, au Luxembourg, en Russie et au Québec.
• Salons et Expositions
– 2019 : Salon International de peinture d’Extrême Orient, île de Réunion, St Leu, 11ème biennale « L’art et la Matière », Nemours
– 2019 : Exposition personnelle, « Petit Cormier » , Montigny-sur-Loing
– 2019 : Galerie « Atelier de Vivier », Moret-sur-Loing
– 2018 : Expositions peinture sur soie, « Atelier des 4 Jeudis » Paris 75013
– 2017 : Exposition peinture sur soie, Verrières-le-Buisson
– 2017 : « Le Partage », galerie « Atelier », Paris 75010
– 2017 : Exposition Encre, « La Galerie », Lyon
– 2016 : « Paroles en friche », Taverne Gutenberg, Lyon
– 2016 : Exposition personnelle, Taverne Gutenberg, Lyon
– 2014 : Exposition « Galerie Affinité terre », Paris, 75010
– 2011 : IIème Rencontres Internationales de Peinture à l’Encre de Chine, Cogolin
– 2011 : Exposition Musée Millet, « Précaution maternelle » Barbizon
– 2011 : « Hommage aux cinq éléments », performance calligraphique et musicale, Monceaux-les-Meaux
– 2010 : Salon de Dessin et de Peinture à l’eau, Grand Palais, Paris
– 2010 : Exposition personnelle, Galerie EverArts, Paris
– 2009 : « Art en Capital » Grand Palais, Paris
– 2009 : Exposition personnelle, Château des Villiers, Draveil
– 2008 : Salon d’Automne de Paris, Grand Palais, Paris
– 2008 : « La palette du Val de Marne » 62ème salon, Prix de qualité de la peinture
– 2008 : « L’eau », Salon de peinture, Fresnes
– 2008 : Salon de peinture, Saint Michel sur Orge
– 2008 : Exposition personnelle, « Rythmes d’Encres », Sainte-Geneviève-des-Bois
– 2007 : « Pierre », Salon de peinture, Fresnes
– 2006 : « L’éternel féminin », Salon de peinture, Fresnes
Art et sculptures sur bois
Junichi Hozono est né le 10 mars 1981 à Osaka. Il est diplômé en information-design de la Faculté d’Art et Design de l’Université municipale des Arts de Kyoto. En 2010, il s’installa sur l’île d’Amami Ō-shima, dans la préfecture de Kagoshima, où il travailla comme menuisier et sculpteur.
Durant son enfance, Junichi Hozono a grandement été influencé par un sculpteur de Bouddha, et ce fut depuis cette rencontre qu’il commença à sculpter. En habitant sur l’île isolée d’Amami Ō-shima, où s’est familiarisé à diverses essences d’arbres, il apprit la beauté de l’artisanat japonais. Il habite désormais dans la préfecture de Kagoshima et il se rend sur l’île de Yakushima pour travailler l’arbre yakusugi, un cèdre très prisé et coûteux au Japon.
L’esprit de fabrication et de l’artisanat au Japon n’est pas de satisfaire une productivité encouragée par la recherche de profit, mais d’offrir au gens des objets qui leur réchaufferont le cœur.
• Le travail de Junichi Hozono
Junichi Hozono organise des ateliers de fabrication de baguettes depuis cinq ans. Ces ateliers sont l’occasion d’aborder la bonne longueur des baguettes et de profiter du plaisir et de la beauté de la nourriture japonaise en utilisant ses propres baguettes.
Junichi Hozono veut rendre la vie quotidienne plus belle et plus amusante. Aussi, pense-t-il que c’est une bonne idée de continuer à utiliser ses propres affaires soigneusement. On casse quelque chose, mais au lieu de racheter un autre exemplaire, on répare l’objet cassé : voilà la vraie valeur.
Junichi dit d’ailleurs : « Je veux être artisan toute ma vie : créer des objets décoratifs qui peuvent être portés à partir de plats et de baguettes du quotidien ».
L’eau est un élément privilégié du travail de Junichi, puisque ce motif se retrouve dans ses œuvres : « Créer une forme pour une chose sans forme ». Il pense que le Japon doit sa beauté à la richesse de ses eaux. Junichi affirme que les petits objets artisanaux sont un héritage de leurs ancêtres japonais, et il souhaite contribuer à la transmission des techniques et savoirs. Le noir qu’il utilise dans ses œuvres est une couleur prisée dans le processus de teinture d’Oshima Tsumugi, une texture traditionnelle d’Amami Ō-shima. Les œuvres traditionnelles fabriquées grâce aux nouvelles technologies, expriment l’existence constante de l’eau malgré son changement de forme.
Akihiko Maeda est né à Osaka en 1976. Après avoir effectué un long apprentissage de dix ans en sculpture, il a fondé son atelier, Kibori Maeda Kobo, en 2009.
• Le Kishiwada Danjiri Matsuri
Maeda Kobo est passionné par les sculptures sur chars utilisés lors du Festival Danjiri, qui se déroule principalement dans le sud d’Osaka. Le Festival Danjiri remonte à la période Edo, il y a environ trois-cents ans. Dans la ville voisine d’Osaka, Kishiwada, le Festival Danjiri comportait des représentations de Kyōgen (forme comique du théâtre japonais traditionnel) et d’autres arts du spectacle organisés par le château. Durant ce festival, une trentaine de danjiri, chars en bois de plusieurs mètres et finement ouvragés, sont tirés à toute allure par des hommes endurants. Un groupe de musiciens les suit, tandis que le maître artisan est placé au sommet du char. Chaque danjiri représente les différents quartiers et guildes de menuiseries de Kishiwada, et chacun des membres scande son kakegoe (cri de ralliement). La procession est épuisante pour les participants et dure quatre heures. Ces chars sont devenus de vraies œuvres décoratives, à la fois techniques et artistiques.
• L’atelier Kibori Maeda Kobo
Dans l’atelier de Kibori Maeda, un soin particulier est accordé à la commande du client, tout en promettant un ouvrage traditionnel au style unique. Afin de mettre en évidence le potentiel de l’industrie traditionnelle japonaise, -qui a diminué en raison d’un manque de successeurs-, Kibori Maeda produit diverses sculptures en bois telles que des figures, des intérieurs et des enseignes, qui témoignent des techniques de sculpture traditionnelle. De plus, son ambition est de saisir toutes les opportunités et occasions pour faire connaître les sculptures en bois, durant des expositions dans des ateliers, des expositions privées ou des expositions à l’étranger. Ces évènements sont accessibles au grand public dans un souci de vulgarisation de la technique et de la technologie sculpturales.
L’exposition des sculptures de danjiri est une première en Europe.
Tansu et estampes
Le tansu (箪 笥) est un meuble traditionnel japonais qui est apparu pour la première fois durant l’ère Genroku de la période Edo (1688-1704), dans la région du Kansai à Osaka. Les deux syllabes, tan et su, désignaient auparavant des objets aux fonctions distinctes : le stockage des aliments et le transport du bois de chauffage. Le bambou était la matière première qui servait à fabriquer des meubles, bien avant que le bois ne soit utilisé. Les tansuyas (artisans du tansu) travaillaient à la fois des bois durs et des résineux. Les plus couramment utilisés étaient le Keyaki (orme), le Kuri (châtaignier), l’Ezo matsu (pin), le Sugi(cèdre), le Kiri (paulownia) et l’Hinoki (cyprès).
Originellement, les meubles dont on se servait pour le rangement, ressemblaient à des coffres en bois roulants, les kuruma nagamochi, qui permettaient de transporter les biens durant les voyages. Le tansu était rarement utilisé comme meuble fixe. Conformément à l’esthétique minimaliste du Japon, les maisons traditionnelles étaient plutôt vides. Le tansu n’était pas visible dans la maison sauf pour certaines occasions. Ils étaient conservés dans des kura (entrepôts) adjacents à des maisons, des nando (entrepôts commerciaux), des oshiire (alcôves de placards), des choba (plate-forme surélevée d’un magasin) et dans certains sengokubune (navires côtiers). Durant la période Edo, la structure socio-économique était féodale, autrement dit chaque classe sociale (du paysan au samouraï) était régie par des règles de propriété. Les voyages étaient réglementés et le luxe découragé. Le tansu de cette époque reflétait principalement la classe et la fonction du propriétaire plutôt que toute originalité d’inspiration ou de style régional.
Avec l’avènement de l’ère Meiji en 1868 et la désintégration progressive de la structure rigide des classes, des caractéristiques régionales pouvaient désormais s’épanouir. Au début de l’époque Meiji, l’industrie cotonnière, la stabilisation politique, l’essor des villes commerciales portuaires ainsi que les progrès dans l’ébénisterie permirent le développement du commerce de masse et donnèrent ainsi lieu à la naissance de tansu très différents.
Aujourd’hui, de nombreux collectionneurs se concentrent sur la recherche de véritables tansu. Il existe peu d’ateliers imitant des tansu antiques en raison du coût élevé des matériaux et des prix très bas du tansu d’occasion. Les coffres plus grands sont parfois de taille réduite, en particulier les coffres de futon, les coffres à degrés et d’autres coffres à tiroirs profonds. Certains tansu de reproduction ont été fabriqué en Corée en utilisant du placage keyaki (orme).
Le terme ukiyo–e (« image du monde flottant ») désigne un mouvement artistique japonais de l’époque d’Edo (1603-1868) qui se poursuivit durant l’ère Meiji, jusqu’en 1912. Ce mouvement vit naître une peinture populaire et narrative originale ; ce fut la grande période des estampes gravées sur bois. Les thèmes de l’ukiyo-e sont nombreux : les bijin-ga (les jolies femmes) et les oiran(courtisanes), les shunga (scènes érotiques), le théâtre kabuki et les lutteurs de sumo, les yōkai (créatures fantastiques), les egoyomi(calendriers) et les surimono (cartes de vœux), le spectacle de la nature et des meisho-e (lieux célèbres).
Après des siècles de déliquescence du pouvoir central suivis de guerres civiles qui amena le shogunat Tokugawa au pouvoir, le Japon connaît une ère de paix et de prospérité qui se traduisit par la perte d’influence de l’aristocratie militaire des daimyos, et l’émergence d’une bourgeoisie urbaine et marchande. Cette évolution sociale et économique s’accompagna d’un changement des formes artistiques, avec la naissance de l’ukiyo-e et les techniques d’estampe permettant une reproduction sur papier peu coûteuse.
À la fin du XIXe siècle, l’ukiyo-e, – alors qu’il était désormais considéré comme trivial à cause des sujets issus de la vie quotidienne, et de la publication de masse facilitée par la technique d’impression de l’estampe au Japon -, connaît un grand succès auprès des Occidentaux. À partir de 1858, suite à l’ouverture forcée par l’attaque des Vaisseaux noirs des USA et de la Convention de Kanagawa, le pays fut forcé d’accepter le commerce avec l’Occident (États-Unis, Royaume-Uni, France, Russie, etc.). L’arrivée en grande quantité de ces estampes japonaises en Europe et la naissance du japonisme influencèrent fortement la peinture européenne et, en particulier Pissaro, Cézanne, Gauguin…
Torii Kiyonaga (1752-1815) était un artiste de l’école Torii. Il fut l’un des grands maîtres de l’ukiyo-e. Sur le plan technique, il abandonna rapidement le petit format chūban ou hosoban en faveur du format ōban. Il avait également recours à des compositions sous forme de diptyques, voire de triptyques, qui permettaient d’accroître les possibilités des estampes en matière de composition. On peut penser que c’est ce changement de format qui aurait poussé Kiyonaga à allonger la silhouette de ses courtisanes. Sur le plan stylistique, le type de femmes qu’il peignait — saines et vigoureuses — et l’harmonie de ses compositions, le font parfois considérer comme un représentant majeur de l’ukiyo-e. On a souvent recours en japonais au terme hattoshin qui signifie haut de huit têtes pour décrire ses courtisanes, longilignes et sveltes. Ce fut à l’aube de la période Tenmei (1781-1789) qu’il révolutionna le genre des bijin-ga, ce qui lui apporta un succès immédiat et lui permit d’avoir sa place dans le cénacle des huit plus grands peintres de l’ukiyo-e.
Chōbunsai Eishi (1756-1829) commença par étudier la peinture de l’école Kanō, en compagnie du futur shogun Tokugawa Ieharu. Il devint ensuite peintre officiel du ce même shogun, puis de son successeur Ienari.
En qualité de peintre du shogun, il ne pouvait pas s’adonner à l’ukiyo-e qui abordait des sujets plus populaires et moins nobles. Aussi, vers l’âge de trente ans, il abandonna sa charge pour se consacrer à l’art de l’estampe.
Par la suite, il revint à la cour du shogun et se remit à la peinture plus académique de l’école Kanō. Eishi fut un peintre de bijin-ga, des peintures de jolies femmes, aux formes douces et aux kimonos splendides dans des compositions épurées mais construites. L’art d’Eishi se distinguait par de nombreuses différences stylistiques, telles que la représentation de figures en pieds sur fond vide ou monochrome, ou encore par l’attitude élégante, voire maniérée, de ses courtisanes, à la silhouette légèrement cambrée. Eishi réalisa par ailleurs un certain nombre de peintures érotiques (shunga).
Utagawa Toyokuni (1769- 24 février 1825) naquit à Edo, il était le fils de Kurohashi Gorobei, un sculpteur de poupées et de marionnettes, et de kabuki. Vers l’âge de quatorze ans, Toyokuni devint élève de Utagawa Toyoharu, le fondateur de l’école Utagawa, que son père connaissait bien et qui vivait tout près. En témoignage de son talent, Toyokuni pris le nom de Utagawa Toyokuni, en reprenant, comme il était d’usage, une syllabe du nom de son maître. Formé aux seules traditions ukiyo-e, ses œuvres les plus connues sont les portraits d’acteurs de kabuki.
Utagawa Toyokuni II (1777–1835), aussi connu sous le nom Toyoshige, fut l’élève, le gendre et le fils adoptif de Toyokuni I. Il utilisa le nom « Toyoshige » jusqu’en 1826, l’année suivant la mort de son maître, quand il commença à signer ses œuvres « Toyokuni ».
Utagawa Kunisada (1786-1865), connu également sous le nom Utagawa Toyokuni III, était l’un des peintres d’ukiyo-e les plus populaires du XIXème siècle et aussi l’un des plus prolifiques et ayant le mieux réussi sur le plan financier. Il était notamment célèbre pour avoir illustré des Genji monogatari et des représentations d’acteurs de kabuki contemporains.
Durant sa longue carrière, il collabora avec des artistes reconnus comme Hiroshige et Kuniyoshi sur des séries d’estampes réalisées dans les années 1840 et 1850, alors que le Japon était en pleine période d’expansion et que les estampes sur bois étaient très demandées. À cette époque, il était au plus haut point de sa carrière et dominait le marché d’estampes d’acteurs de kabuki et de genji, réalisant également en grand nombre des peintures de bijin–ga et sumo-e. Les historiens de l’art estiment qu’il a réalisé plus de 20 000 œuvres au cours de sa vie.
Utagawa Kuniyoshi (1797-1861), était l’un des derniers grands maîtres japonais de l’ukiyo-e classique. Fils d’un teinturier sur soie, il naquit en 1797 sous le nom de Yoshizo. Dans sa jeunesse, il assista son père, fournissant les dessins des pièces à teindre, et s’orienta tout naturellement vers le monde de l’art. D’abord il étudia avec Kuninao, puis avec Toyokuni I, qui l’admit dans son atelier en 1811. Il termina son apprentissage en 1814, date à laquelle il prit le nom de Kuniyoshi et s’installa comme artiste indépendant. Kuniyoshi était un artiste unique car il était le seul à avoir abordé autant de genres différents (portraits de guerriers, d’acteurs ou de courtisanes, caricatures, paysages ou scènes de genre) dans la catégorie des estampes. Dans les années 1850, la qualité de ses œuvres commença à décliner : le grand tremblement de terre de 1855 (après lequel – rentrant tardivement chez lui -, il fut déclaré mort par sa famille et les membres de son atelier), marqua la fin de sa grande période. Souffrant de maladie et de dépression, il mourut à Edo en 1861.
Utagawa Kuniteru (1808-1876) était un peintre de tradition de l’école Utagawa. Né à Edo, il étudia auprès de Kunisada et Toyokuni I. Il créa des estampes aux sujets variés, dont beaucoup représentaient l’influence occidentale croissante au Japon. Une grande partie de son œuvre était consacrée à l’illustration de livres et à la publication d’estampes ukiyo-e. Il est connu sous différents noms : lui-même s’appelle « Kunitsuna II », « Ichiransai », « Sadashige » et « Ichiyusai ». Sous son nom Kunitsuna II, il se concentra sur la création de caricatures et de scènes tirées de ses voyages. Après avoir pris le nom de son maître, il élargit le champ de ses représentations pour y inclure des scènes de sumo ainsi que des vues de la modernisation et de l’occidentalisation du Japon.
Kikukawa Eizan (1787- 1867) étudia d’abord avec son père, Eiji, un peintre de l’école Kanō, puis avec Suzuki Nanrei, un artiste de l’école Shijō. Eizan fut la dernière manifestation de l’ukiyo-e de style classique dans le travail bijin, avec des couleurs harmonieuses, des lignes et des sujets gracieux. Après lui, les historiens de l’art affirmèrent qu’une nouvelle esthétique se mit en place, prônant des couleurs plus dures et froides, des lignes angulaires et du matériel moins éthéré ; les artistes se focalisaient davantage sur le poids du matériau de l’existence terrestre, plutôt que sa transformation en quelque chose d’élégant. Avec Eizan, l’alchimie de l’élégance était toujours vivante et, dans ses plus belles créations, il jetait une lueur magique sur les formes du monde et créait de la légèreté et de la grâce.
Sadanobu Hasegawa (1809-1879) étudia à Osaka. Il débuta sa carrière auprès d’un peintre de l’école Shijo, Ueda Kocho. Il devint l’élève de Sadamasu Utagawa et membre de l’école d’Osaka. Sadanobu Hasegawa est particulièrement célèbre pour ses paysages, ses fleurs et oiseaux, les scènes de bijin-ga et des copies miniatures des estampes de Hiroshige.
Hasegawa est désigné sous le nom Sadanobu I ; il était actif des années 1834 jusqu’à sa mort.
Utagawa Yoshikazu (actif en 1850-1870) était un peintre ayant exercé de la fin de la période Edo jusqu’au début de l’ère Meiji. Yoshikazu est né à Edo et y a également vécu. Il était l’un des disciples d’Utagawa Kuniyoshi et l’un des premiers et importants artistes d’estampes ayant traité les images de Yokohama-e (« images de Yokohama », des estampes japonaises ukiyo–e représentant des étrangers et des scènes du port de Yokohama). Ses sujets étaient les étrangers et les coutumes étrangères, mais il créa des scènes de paysages et des guerriers. Il illustra également des livres.
Miyagawa Shuntei (1873-1914) fut l’un derniers artistes d’estampes ukiyo-e. Il naquit dans la préfecture d’Aichi sous le nom de Watanabe Morikichi. Il étudia auprès de Watanabe Shōka, puis de Tomioka Eisen. Très prolifique de 1895-1907, il illustra des journaux et des livres ; il s’inscrivit dans la tradition des peintres de frontispices : kuchi-e. Ses thèmes de prédilection étaient des scènes de genre des classes aisées de la société japonaise pendant l’ère Meiji, représentants des enfants à leur jeux et des femmes dans leurs loisirs quotidiens.
Photographies
Philippe Marinig est né en 1962 à Château-Arnoux dans les Alpes de Haute-Provence. Encouragé par une famille d’artistes, il s’intéressa très jeune à la photographie. Après une formation en Art photographique auprès de Denis Brihat, il intégra le service photographique des armées durant son service militaire, puis partit étudier la photographie à Boston, aux États-Unis. Collaborateur pour Libération et Globe en tant que photographe freelance, sa rencontre avec Eddy et Pierre Grassmann marqua un tournant dans sa carrière et lui ouvrit les portes du célèbre laboratoire Picto.
De 1992 à 2005, il fonda et dirigea sa propre société, spécialisée dans le traitement des prises de vue pour la publicité et la mode, à Cape Town en Afrique du Sud.
Depuis 2006, il se consacre entièrement à des projets artistiques qui l’amènent en Afrique australe, au Japon et en Europe, et qui font l’objet de nombreuses expositions personnelles.
• Ses expositions
– 2008, In situ, au sein de l’Institut Français de Tokyo, à l’occasion du 150ème anniversaire des relations diplomatiques franco-japonaises.
– 2010, Into the wild, exposé au Chanel Nexus Hall, à Tokyo. Il reçoit en 2019, le prix Scam Roger Pic, décerné par la société civile des auteurs multimédia.
– 2011, O Sumo-san, à l’Institut Français de Tokyo et au musée Albert-Kahn de Boulogne-Billancourt. Résidence à la villa Kujoyama (inspirée par le modèle de la Villa Médicis à Rome, la villa Kujoyama est une résidence d’artistes logée au cœur du Japon, à Kyoto).
– 2013, O Sumo Fude, à Tokyo.
– 2015, Kyoto no Kodo, à la Galerie Visconti, à Paris.
– 2016, Lutter/Lamb, à la Galerie le Manège, Institut français de Dakar, Sénégal.
– 2017, Kokode Kamigami, au Palais Morosini, à Venise, Italie.
Sumiyo Ida est née en 1974 à Tokyo. Installée en France depuis 1998, elle débuta ses études de photographie à l’École supérieure de photographie et audiovisuel de Paris. De 2001 à 2004, elle poursuivit ses études à l’École des Beaux-Arts de Versailles. Diplômée d’art plastique, section photographie plasticienne, elle travailla comme assistante dans le studio PIN-UP de Paris. Désormais, elle est photographe indépendante et travaille toujours à Paris : elle tente de capter la lumière, la couleur et l’homme.
- Expositions
– 2003 : 1er Prix du concours du 3ème Festival Européen de Photo de Nu à Arles. Exposition durant le Festival.
– 2007 : Exposition au café-Galerie TRËMA à Paris 10e
– 2009 : Exposition à l’ESPACE VAN VOGH d’Arles pendant le 9ème Festival Européen de Photo de Nu
– 2013 : Exposition collective à la Galerie Tamenaga Paris 8e (18 Avenue Matignon, 75008)
– 2016 : Exposition collective à la Galerie 59 Rivoli Paris 1e (59 Rue de Rivoli, 75001)
• Photos pour moi
Quand j’avais vingt ans, j’étais une fille sage et banale.
J’étais dans l’hésitation et le chagrin et je me demandais simplement : « Que puis-je faire?”
La seule chose que je voulais faire était d’aller en France.
Je voulais voir la vraie France avec mes yeux.
J’ai donc entrepris un voyage en France pour me retrouver.
Depuis que je suis allé à l’école de photographie en 1999, ma vie a changé.
Y avait-il quelque chose qui pouvait avoir une place si profonde dans ma vie ?
J’aimais l’art et regardais souvent les tableaux : mes compositions étaient naturellement acquises, puisque j’avais appris le mécanisme de la couleur et de la lumière à l’école. Je devenais audacieuse.
Depuis l’instant où j’appris « Comment éviter les erreurs » sur les photos, la photographie est devenue mon expression personnelle.
Grâce à cette méthode, j’ai pu surmonter le premier obstacle majeur de ma vie.
Merci, la photo !
Artistes verriers
Michi Suzuki est née au Japon à Yamagata. De 1989 à 1995, elle travailla dans une société de décoration intérieure. Parallèlement, elle apprit la technique du vitrail dans un atelier privé au Japon.
En 1996, elle créa l’atelier Lemon glass. Au Tokyo Glass Art Institute, elle s’initie au travail du verre au chalumeau.
En 1998, elle s’installa à Paris et étudia la peinture à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Elle travailla auprès des artistes verriers confirmés comme Jean-Pierre Baquère en l’an 2000 et Fabienne Picaud de 2004 à 2005. En 2006, elle étudie au Centre Européen de Recherche et de Formation aux Arts Verriers de Vannes-le-Chatel grâce à une bourse du ministère de la culture japonais.
À partir de 2006, Michi expose ses créations et anime des workshops en Europe au Glasdesign à Hambourg, à l’Ikaalinen School of Craft and Design en Finlande, à l’université du verre à Sars-Poteries, à Hobbyfrance à Lyon, à la Fundacion Centro Nacional del Vidrio à la Granja en Espagne, chez l’artiste Diana East, à Flame Off Tuffnell Glass, The Old Kennels en Angleterre, Cadenza Glass Beads en Irlande à Dublin, chez Marie-Elise Schwab à Saint-Quentin-la-Poterie, Glasgestaltung à Langen en Allemagne, Ambassade de Japon en Pologne à Varsovie.
Yuriko Okamoto, japonaise francophile, possède un diplôme de compagnon verrier européen obtenu au centre européen de recherche et de formation aux arts verriers, à Nancy. Elle apprécie particulièrement la technique du verre filé au chalumeau. Venue s’établir au centre de la France, elle réalise dans son atelier des pièces d’artisanat d’art verrier dans la philosophie du mouvement Mingei. Le mouvement Mingei, né au Japon en 1925, célèbre la beauté des objets ordinaires de la vie quotidienne, réalisé par des artisans dont le savoir-faire n’était auparavant pas particulièrement mis en valeur. L’objet doit d’abord avoir une utilité pratique. Il doit avoir un côté humble. Son usage quotidien renforce sa beauté. L’objet doit être naturel, sincère, sûr, simple. Pour Yuriko Okamoto, les objets peuvent être ordinaires tout en faisant l’objet d’une véritable exigence artistique.
Les créations de Yuriko Okamoto mettent en œuvre la technique du verre filé au chalumeau. La créatrice travaille avec des baguettes de verre en provenance de Murano. Elle les chauffe au chalumeau, leur adjoint parfois de la poudre émaillée, des feuilles d’or ou d’argent, joue sur la concentration de la flamme en oxygène ou propane. Les changements du verre sont extrêmement rapides, il faut savoir arrêter la réaction au bon moment, une fois l’effet souhaité obtenu. Les créations de Yuriko Okamoto sont habitées par une recherche de la perfection et de la pureté.
Satoshi Okamoto est né le 27 janvier 1979 à Tokyo au Japon. Enfant, le travail manuel le fascinait et il rêvait de devenir artisan. Il suivit alors des études artistiques et obtint une licence à l’université de Meisei (Faculté de culture Japonaise, Section des arts, Discipline : verre).
Après avoir décroché son diplôme il fit la rencontre de Kenji Ito, maître verrier, et travailla avec lui en tant qu’assistant durant deux ans. Cette collaboration fut pour lui un apprentissage fondamental pour sa création artistique.
En 2003, il entra au Centre Européen de Recherches et de Formation aux Arts Verriers (CERFAV) en France, où il assista, entre autres, le célèbre maître italien Lino Tagliapietra. En 2004, il y obtint le diplôme de Compagnon Européen Verrier.
Depuis 2005, il est inscrit à la maison des artistes en tant qu’artiste libre. Il intervient régulièrement comme formateur à la « Fundacio Centro Nacional del vidrio » à Ségovie en Espagne.
Il développe, petit à petit, un travail de plus en plus personnel. Il interroge le monde autour de lui et se demande ce qu’est l’existence. Son travail c’est la matière, la forme. Au Japon il créé une technique mêlant les feuilles d’argent et les poudres colorées.
L’aspect de ses pièces ne cesse de surprendre, univers décalé et classique qui nous emmène vers le rêve et la poésie. Toutes sortes d’influences s’y mélangent, son cœur est japonais, sa vie européenne. C’est tout un échange entre l’esprit nippon, ses rites, ses traditions, et sa nouvelle vie sur le vieux continent.
Kimonos et Haori
Le kimono (constitué du japonais kiru et mono, « chose que l’on porte sur soi ») est un vêtement traditionnel porté par les hommes et les femmes du Japon. Auparavant, le terme « kimono » désignait tous les types de vêtements, aujourd’hui il se réfère à la robe traditionnelle, portée durant les grandes occasions. Les tissus des kimonos sont divers : lin, soie, ramie, fibre de mûrier, chanvre… Les modes de tissage sont aussi très nombreux : taffetas, sergé, satin, satin damassé, crèpe, gaze, etc. Le type de tissu et de tissage varie d’une saison à l’autre, pour adapter le vêtement au climat. Le kimono est un ensemble rectiligne formé de rectangles de tissus pliés qui tombent jusqu’aux chevilles. Le vêtement possède des manches très longues, pouvant descendre jusqu’au sol (style furisode, adopté par les jeunes femmes). Le kimono se porte toujours côté gauche sur côté droit : d’une part cela permettait de cacher une arme (tanto), d’autre part, les morts sont habillés en croisant les tissus dans le sens inverse. Le kimono est tenu en place par une large ceinture appelée obi qui permet de distinguer les classes sociales. Les kimonos réalisés avec talent dans des matériaux précieux sont considérés comme des œuvres d’art et des objets de luxe. Dans le processus de fabrication du kimono, les artisans rivalisent de compétences en teinture, tissage et broderie, afin de créer un artisanat élaboré, élégant et un sens esthétique unique. Ils cultivent le style de vie japonais qui valorise les quatre saisons et la nature.
Historiquement, les premiers kimonos furent influencés par les vêtements traditionnels chinois, hanfu, de la période Tang. Les traditions vestimentaires, dont une forme de proto-kimono, commencèrent à être adoptées dès la période Asuka (VIᵉ siècle jusqu’à 710) et surtout pendant la période Nara (710- 794). Ce fut au cours du VIIIe siècle que la mode chinoise devint populaire au Japon, notamment avec l’adoption du décolleté féminin. Au cours de la période Heian au Japon (794-1192), le kosode désignait un vêtement aux emmanchures étroites, au contraire de l’osode, aux manches longues. Les aristocrates portaient un kosode de soie comme vêtement de dessous, recouvert par une ou plusieurs robes à larges manches. Aux époques Kamakura (1185-1333) et Muromachi (1336 et 1573), les guerriers portaient l’osode (pour les cérémonies) et le kosode en soie décorée (au quotidien). À l’époque Momoyama (1573-1603) certains marchands s’enrichirent considérablement et commencèrent à porter un type de kosode semblable à ceux portés par les guerriers, sans autre vêtement par-dessus.
Les personnalités qui nous ont prêté des kimonos et haori japonais :
Maiko Takenobu 武信 麻衣子
Hagiwara 萩原 義信
Yoko Sawa 澤 葉子
Laques
Né en 1954, cet artisan laqueur japonais habite le village de Kiso, dans le département de Nagano, classé, comme Lavardens, parmi « Les Plus Beaux Villages ».
La région de Kiso est historique, c’est là-bas qu’est née la laque japonaise. La ville de Kiso se situe pratiquement au centre du Japon et est traversée par une route qui relie Kyoto à Tokyo, depuis l’ère Edo (les années 1700). Ce serait dans une auberge de la ville de Narai qu’aurait débuté un artisanat de la laque, il y a plus de trois cents ans.
Yoshiaki Noguchi a baigné dans les objets en laque depuis l’enfance. À l’âge adulte, il s’est naturellement tourné vers cette matière pour apprendre à la travailler. Pendant sept années, il a suivi l’enseignement de deux maîtres de la laque qui lui ont appris qu’au-delà des techniques, il ne fallait pas oublier que les objets doivent être fonctionnels car utilisés dans la vie quotidienne.
Yoshiaki Noguchi raconte : « Ce que je voulais, c’était continuer une vieille tradition de boîtes à repas (bentô) faites en bois de cyprès de Kiso et laquées. Mais les premières techniques traditionnelles de laque avaient disparu, j’ai donc décidé d’orienter mon travail pour les retrouver. C’est ainsi que j’ai pu progressivement découvrir de nombreuses techniques qui m’ont été enseignées par de vieux artisans. Ces derniers me disaient qu’ « une technique, il suffit de la répéter pour la maîtriser. L’artisan doit se consacrer à se construire lui-même plus qu’à apprendre une technique ».
Aujourd’hui, il propose des cours de laque, de makie et de kintsugi dans la ville de Akiruno (métropole de Tokyo), qui lui permettent, -à son tour-, de transmettre ces techniques traditionnelles.
Céramiques
Setsuko Nagasawa est née le 2 mars 1941 à Kyoto. Elle jette des ponts entre les cultures et les pays : le Japon d’où elle est originaire et la France où elle vit depuis plus de trente ans, entre la Suisse où elle a enseigné dès la fin des années 1970 et l’Académie internationale de la céramique dont elle est membre du bureau exécutif, entre Paris où elle possède un atelier et Nançay où elle expose régulièrement… C’est n’est qu’à partir de 1993 que Setsuko Nagasawa accepta une commande de création d’un bol avec soucoupe. Ce qui l’amena à s’intéresser de nouveau aux récipients fonctionnels.
Setsuko Nagasawa est attentive à l’objet de petite dimension, au jeu des matériaux, aux échanges entre tradition et modernité. Son œuvre est également une ode à la lumière. Les effets d’enfumage sur certaines de ses pièces donnent l’illusion d’ombres naissantes. Le grain si particulier de leurs surfaces se perçoit de multiples manières en fonction de l’éclairage. La géométrie des volumes et des formes pourrait créer des contrastes tranchants mais qui sont adoucis par ce sfumato émanant de la rencontre entre la terre et la lumière.
Né en 1941 à Hiroshima, Rizü Takahashi baigna dès l’enfance dans la culture traditionnelle japonaise. À dix-huit ans, il commença des études de céramique et de cérémonie du thé auprès de deux maîtres. À quarante ans, bouleversé par la vision d’un bol de thé du grand Maître Tokuro Kato (1897-1985), il se consacrera exclusivement à la céramique et se retira, accompagné de son maître, dans les montagnes de Nagano. Plus tard, il exercera son art dans la montagne de Mizunami (région de Mino), le pays des potiers.
Rizü Takahashi, tombé amoureux de la France en 2004, s’installa dans le sud du pays avec un tour à bâton et quelques-uns de ses outils de potier. Il construisit son atelier, son pavillon de thé et, surtout, un four Anagama (un type de four couché, exploitant la pente d’une colline. Ces fours, très répandus en Asie du fait de la topographie, comportent une chambre (Anagama). Sa chambre unique et sa haute cheminée assurent un excellent tirage, horizontal ou oblique. Il permet des cuissons plus rapides et une moindre consommation de combustible). Ses céramiques sont d’une grande modernité mais emprunte des techniques traditionnelles japonaises. Elles sont particulièrement liées à la cérémonie du thé. La philosophie zen est pour lui une seconde nature qu’il transmet avec bonheur aux étudiants qui choisissent de suivre son enseignement.
Il participe à diverses expositions internationales dans des musées ou galeries au Japon, USA, Chine, Angleterre, Belgique, Hollande, Portugal … En France Rizü Takahashi a exposé, entre autres, dans les Maisons de la céramique de Dieulefit et de Giroussens, à la Galerie du Lavoir à Clamart et diverses autres galeries à Toulouse, Carcassonne, Paris, Rodez…
Daruma
• Historique du daruma
Le daruma est une sorte de poupée traditionnelle japonaise qui symbolise un “Porte-bonheur”. Il y a environ mille-cinq-cents ans, le moine Bodhidharma, né en Inde, est venu au Japon pour la prédication du bouddhisme zen. Selon la légende, il serait resté assis en médiation dans une grotte pendant neuf ans, où il aurait atteint l’éveil. Les jambes et les bras de Bodhidharma auraient fini par pourrir ; depuis, les artistes l’ont représenté sous une forme ronde dénuée de membres. L’origine de cette représentation est à corréler avec l’arrivée en 1400 d’une poupée en bois chinoise, qui se redresse toute seule. Le mélange des deux styles fit naître le daruma comme on le fabrique depuis trois-cents ans dans la région de Tokyo ; les caractéristiques du daruma changent selon les régions de fabrication. Il symbolise les vœux, la chance ou la prospérité.
L’exposition Fragment du Japon présente les daruma traditionnels et modernes.
• Le daruma traditionnel
Dans cette exposition, sont présentées quelques types de daruma traditionnels (bien qu’il en existe une centaine).
Le premier, appelé Tama daruma ou Tokyo daruma, est fabriqué à l’ouest de Tokyo. De nos jours, il subsiste huit artisans de daruma répartis entre les communes d’Akiruno, Tachikawa, Ôme et Mizuho. Le visage des daruma varie en fonction de l’artisan car ils sont peints à la main. Ils ont pour caractéristiques de posséder des traits fins et de ne pas avoir les yeux peints. Ils sont fabriqués entre l’automne et l’hiver car à cette période, le vent froid et sec du Kantô permet de bien sécher la peinture. De nouveaux daruma ont récemment été créés avec des couleurs or, argent ou chatoyantes. L’artiste qui expose les tama daruma s’appelle Yuujin Kunugi.
Le second est le Miharu daruma qui provient de la ville de Miharu dans la préfecture de Fukushima. Sa particularité est d’avoir les deux yeux déjà dessinés. On dit que le miharu daruma permet d’éloigner les catastrophes naturelles et que ses yeux peuvent voir à 360°. Ces daruma possèdent un visage plat, surmontés de sourcils très longs, ainsi que d’une barbe grisonnante. Les traits sont marqués. Certains sont très grands et peuvent atteindre 1 mètre. Chaque année, durant le troisième dimanche de janvier, de nombreuses personnes se rendent à Miharu pour acheter des Daruma qui leurs offriront protection et sérénité. L’artiste qui expose les miharu daruma s’appelle Shoichi Hashimoto.
• Le daruma moderne
Appelé chôfu daruma, ce daruma moderne fut créé par Keiko Kiyama, pour sa société Daruchan Produce au temple Jindaiji à Chôfu, près de Tokyo, ville connue pour accueillir l’un des trois grands marchés annuels du daruma au Japon. Le chôfu darumaest décoré avec d’anciens tissus japonais et fabriqué spécialement pour les femmes.
Les daruma Hariko Neko (qui présentent des chats), ont été créés par Masashi Aida, Toshio Negishi et Osamu Uchino.
Le daruma aux trois visages a été fait par Osamu Uchino.